En 2023, la demande mondiale de batteries lithium-ion a dépassé les 700 gigawattheures, soit trois fois plus qu’en 2018. Certaines régions minières d’Amérique du Sud voient désormais l’extraction du lithium surpasser celle du cuivre en valeur.
Contrairement à la croyance largement répandue, l’empreinte carbone d’un véhicule électrique varie fortement selon l’origine de son électricité et le traitement de sa batterie en fin de vie. Des disparités majeures existent aussi entre les filières de recyclage, en fonction de leur efficacité et de leurs normes environnementales.
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Voiture électrique : entre promesses écologiques et réalités du terrain
La voiture électrique se fait remarquer, aussi bien dans les halls feutrés des salons que sur les routes nationales. Présentée comme la solution propre face au véhicule thermique, elle multiplie les arguments : pas de rejet à l’échappement, conduite silencieuse, plaisir immédiat. Pourtant, l’impact environnemental de ces véhicules ne se résume pas à une équation simple. Les données sont sans appel : selon l’ADEME, une voiture électrique émet en France deux à trois fois moins de CO2 sur l’ensemble de sa vie qu’un modèle thermique. Mais dès qu’on examine de près la source de l’électricité ou la production des batteries, le bilan devient plus contrasté.
En France, où le nucléaire et l’hydraulique dominent la production d’électricité, la recharge reste peu carbonée. Mais dans d’autres pays, la prépondérance du charbon brouille les cartes. Et il y a un autre facteur souvent minimisé : le poids. Plus lourde, la voiture électrique use davantage pneus et freins, ce qui accroît la diffusion de particules d’abrasion. Aujourd’hui, cette question s’impose dans les débats sur les émissions de particules hors échappement.
Pour mieux comprendre, voici quelques points à retenir :
- Émissions de gaz à effet de serre : la France offre un terrain favorable à l’électrique, mais l’équilibre reste fragile dans d’autres régions.
- Pollution liée à la production : l’extraction de lithium, cobalt, nickel se déroule souvent loin d’Europe, avec des conséquences sociales et environnementales notables.
- Usage et recyclage : des avancées existent, mais la maîtrise de la pollution tout au long du cycle de vie reste un défi technique et industriel.
L’essor de la voiture électrique s’appuie sur un cadre réglementaire européen de plus en plus strict, mais les réalités du terrain rappellent que le sujet ne se résume pas à un slogan. Pour mesurer l’empreinte des voitures électriques face à la pollution liée aux thermiques, il faut regarder l’ensemble de la chaîne, de la mine au recyclage.
Quels sont les véritables impacts environnementaux des batteries ?
Impossible d’évoquer la voiture électrique sans aborder la batterie lithium-ion. Sa fabrication concentre la majorité de l’impact environnemental du véhicule, même avant sa première recharge. L’extraction des matières premières, leur raffinage, puis l’assemblage des cellules : chaque étape génère une empreinte. Le lithium provient en grande partie d’Amérique du Sud, le cobalt du Congo, le nickel d’Indonésie. Ces ressources, souvent extraites dans des régions soumises à des tensions sur l’eau et l’environnement, font le tour du monde avant de rejoindre les usines européennes.
Les analyses de cycle de vie soulignent que la production des batteries dégage plus de gaz à effet de serre que l’assemblage d’un moteur thermique. À titre d’exemple, l’ADEME estime qu’il faut compter jusqu’à 70 kg de CO₂ par kWh de batterie, un chiffre qui dépend fortement de l’électricité utilisée par l’usine. Pour une batterie de 50 kWh, cela représente déjà 3,5 tonnes de CO₂ à la sortie de la chaîne. Si les progrès technologiques permettent de réduire ce chiffre, la question de la décarbonation des sites de production, notamment en Asie, reste posée.
À l’usage, la batterie ne rejette rien dans l’air, mais elle alourdit le véhicule. Un modèle de 1,8 tonne use davantage ses pneus, provoquant la libération de particules d’abrasion. Un paramètre longtemps négligé, désormais intégré dans les analyses d’empreinte carbone par les spécialistes.
Pour clarifier les principaux enjeux, voici ce qu’il faut retenir :
- Extraction et raffinage : pressions sur les ressources, pollution des sols, utilisation massive d’eau.
- Production électrique décarbonée : avantage certain pour la France, difficulté persistante dans d’autres pays.
- Analyses de cycle de vie : incontournables pour comparer de manière objective thermique et électrique.
Fabrication, usage, recyclage : le cycle de vie d’une batterie passé au crible
Tout commence bien loin des usines automobiles. Dès l’extraction des métaux nécessaires à la fabrication d’une batterie lithium-ion, une énergie considérable est mobilisée. Ce processus génère des déchets, implique des filières parfois controversées et ajoute une première couche à l’empreinte carbone de la batterie. Les matières premières traversent ensuite des milliers de kilomètres jusqu’aux sites d’assemblage, alourdissant encore le bilan carbone.
Une fois installée dans un véhicule électrique, la batterie vit au rythme des cycles de charge et de décharge. Elle-même ne libère pas de gaz à effet de serre lors de l’usage, mais son poids, supérieur à celui d’un moteur thermique, influe sur la consommation d’énergie et l’usure des pneus. Ce phénomène contribue à la production de particules d’abrasion, une préoccupation désormais suivie de près par chercheurs et agences sanitaires. Les études de cycle de vie montrent aussi que l’impact d’une voiture électrique dépend du pays où elle roule, du mode de production de l’électricité et de la longévité de la batterie.
Une seconde vie s’ouvre à ces batteries lorsqu’elles quittent la route. Utilisées en stockage stationnaire, elles continuent à rendre service, mais ce prolongement n’efface pas le besoin de développer des solutions de recyclage fiables et performantes. En France, la filière se structure progressivement autour de la récupération des métaux précieux. Même si le taux de recyclage pourrait être amélioré, les avancées technologiques et les nouvelles réglementations poussent vers une économie circulaire plus solide. Les batteries actuelles devront tôt ou tard trouver leur place dans ce schéma pour concilier impact environnemental et mobilité électrique.
Repenser le recyclage des batteries : vers une filière plus durable et responsable ?
Le recyclage s’affirme comme un axe stratégique pour la mobilité électrique. En France, la filière industrielle, encore jeune, fait face à un flux croissant de batteries lithium-ion issues des premiers modèles de voitures électriques. Même hors d’usage pour la route, ces batteries restent précieuses : elles contiennent lithium, nickel, cobalt, autant de ressources stratégiques que l’on ne souhaite plus gaspiller. Leur valorisation limite la dépendance à l’importation et réduit la pression sur l’extraction minière.
Pour donner du cadre à cette transition, la responsabilité élargie du producteur oblige désormais constructeurs et équipementiers à prendre en charge la collecte, le tri et le recyclage via des centres spécialisés.
Les défis d’une filière en mutation
Plusieurs enjeux majeurs s’imposent à la filière du recyclage :
- Augmenter le taux de récupération des métaux rares, comme le lithium, dont l’extraction en Europe reste complexe.
- Renforcer la traçabilité des batteries pour assurer un suivi continu, de la sortie d’usine jusqu’à leur valorisation.
- Mettre au point des technologies de recyclage hydrométallurgique ou pyrométallurgique qui consomment moins d’énergie et préservent davantage l’environnement.
Partout en Europe, des usines de nouvelle génération émergent, portées par des acteurs publics et privés décidés à transformer ces déchets en ressources. Un modèle où la batterie ne marque pas la fin de la route, mais le début d’un nouveau cycle. La mobilité du futur ne se contentera pas d’être électrique : elle devra aussi être responsable, de la mine à la dernière étincelle de la batterie.


